Tu veux de la passion, vraiment?

Tu veux de la passion, vraiment?

Quand tu entends le mot passion, à quoi penses-tu? À quelque chose de beau, d’enflammé, d’inspirant? Moi aussi, jusqu’à ce que je découvre son véritable sens.

J’ai même été choquée!

Je te raconte.

Ah! La passion!

Je suis en vacances, à la plage, et je lis tout bonnement un livre super intéressant et inspirant. Je ne suis pas tellement du genre « roman ». Moi, ce que je préfère, c’est une lecture qui me permet d’apprendre, et ce, peu importe le sujet. Donc, je suis plongée dans ma lecture, intéressée, curieuse et surtout joyeuse. Après tout, je suis en vacances!

Je fais une parenthèse ici. Je ne sais pas si tu es au courant, mais les mots, pour moi, ont beaucoup d’importance. Ceux qu’on utilise, ceux qu’on entend, et encore plus ceux qu’on se dit à soi-même. J’ai déjà écrit sur le sujet d’ailleurs : La puissance des mots, ça te dit quoi? Alors, imagine comment la définition ou l’origine d’un mot peut m’interpeller!

Bref, je suis allongée sur ma chaise longue, absorbée par ma lecture, quand – et quelle surprise! – je lis la phrase suivante : « Faites ce que vous aimez, pas ce qui vous passionne. » Hein?

Et pourquoi donc? (C’est là que ça devient intéressant.) En raison de la définition originelle du mot passion. Accroche-toi bien. Ce que je m’apprête à te citer risque de changer ta perception de ce mot pour toujours.

L’origine du mot passion

Le mot passion est issu du latin passio qui signifie « souffrance ». Il est étroitement lié au mot grec pathos qui veut dire la même chose. Historiquement, le mot a été utilisé pour désigner la période de souffrance du Christ en référence, entre autres, au moment où il a été crucifié. Oh!

Si tu veux associer ta vie à la souffrance, fonce tête baissée vers ta passion! Mais… peut-être qu’il y a une autre façon d’aborder la question.

J’ai regardé mon chum (je l’ai peut-être même réveillé tellement j’étais choquée) et j’ai dit : « Chéri, c’est fini, j’arrête d’essayer de trouver ma passion. » J’ai même enlevé la phrase suivante qui était sur mon site web : Le goût de se mettre en action émerge de nos passions! C’est te dire comment ça m’a choquée. Secouée.

Les mots façonnent nos actions

Tes actions sont le reflet de tes paroles (mots que tu prononces), de tes pensées (mots que tu utilises, même dans ta tête) et de ton discours intérieur (mots que tu te dis à toi-même). Ainsi, les mots que tu choisis façonnent tes actions, pour le meilleur ou pour le pire! Connaitre leur étymologie peut t’aider à faire de meilleurs choix.

L’influence de l’étymologie

L’étymologie peut complètement transformer notre compréhension des mots. On utilise souvent des mots sans vraiment réfléchir à leur origine, et pourtant, elle influence notre façon de percevoir la réalité.

Un mot, c’est bien plus qu’un simple assemblage de lettres : c’est une histoire, une évolution culturelle, une manière de structurer sa vision du monde. Quand on comprend l’origine d’un mot, on réalise souvent que son usage moderne est teinté de son passé.

Tu veux un exemple?

Avant de savoir que passion vient de passio (souffrance), on l’utilise avec enthousiasme. Mais dès que l’on comprend sa racine, on peut commencer à se demander si, inconsciemment, ce mot n’influence pas le rapport qu’on a à son travail, ses choix et sa vision de l’effort.

Question à se poser :

• Quand tu dis que tu es passionné(e) par quelque chose, est-ce que tu sous-entends qu’il faut forcément y laisser ta peau?
• Est-ce que certaines personnes s’acharnent sur un projet, un métier ou une relation en pensant que la souffrance est normale… juste parce que ce mot est ancré dans leur vocabulaire?

Ce genre de prise de conscience nous fait voir les mots autrement. Et peut carrément influencer nos décisions!

La passion, la souffrance

Pourquoi avons-nous associé la souffrance à un sentiment aussi puissant?

L’idée que la passion est liée à la souffrance remonte à plusieurs siècles. Dans l’histoire, on a souvent valorisé l’idée que ce qui compte vraiment doit être difficile, que le chemin vers ce quelque chose de grand passe inévitablement par la douleur et le sacrifice.

Tu veux des exemples? 😉

• La Passion du Christ: Sacrifice ultime, douleur extrême, résilience.
• Les athlètes de haut niveau : L’expression « No pain, no gain » est ancrée dans le sport. On valorise l’idée qu’il faut souffrir physiquement pour atteindre l’excellence. Mais est-ce vraiment la seule voie vers la réussite?
• Les relations amoureuses dramatiques: L’idée que « l’amour vrai doit être compliqué » est omniprésente dans la littérature et le cinéma (Roméo et Juliette, Titanic). Beaucoup de gens associent inconsciemment amour et douleur, alors qu’une relation saine ne devrait pas être un champ de bataille.
• Les expressions du quotidien: « Il faut souffrir pour être belle » 🙄, « La réussite a un prix », « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Ces phrases nourrissent l’idée que la souffrance est un passage obligé vers le succès ou la reconnaissance.

Mais est-ce vraiment une obligation? Et si, au lieu de croire qu’on doit souffrir pour réussir, on choisissait des mots qui favorisent une autre approche?

Et si, au lieu de courir après la passion, tu choisissais ce qui te fait vibrer, ce qui te nourrit et ce qui te pousse naturellement à avancer?

D’autres significations surprenantes

Si tu veux aller plus loin dans ta réflexion, voici quelques mots dont l’origine est étonnante. Peut-être voudras-tu aussi revoir leur utilisation dans ton vocabulaire.

TRAVAIL

• Vient du latin tripalium… qui était un instrument de torture. 😳
• D’où l’expression « trimer » qui signifie travailler durement.

Ça fait réfléchir : on dit souvent « trouver un travail »… mais est-ce que c’est vraiment ce qu’on veut? Peut-être qu’on devrait plutôt chercher un métier, une mission ou un projet? Inconsciemment, je viens de me rendre compte que je parle souvent de projet à ma fille et non de travail. Tout devient un projet, car pour moi c’est plus motivant qu’un travail. Je continue alors.

BONHEUR

• Vient du vieux français bon eür, où eür signifiait destin ou chance.
• Autrement dit, le bonheur était perçu comme quelque chose qui arrive par hasard, et non quelque chose qu’on peut construire soi-même.

Intéressant, non? Aujourd’hui, on voit le bonheur comme un choix, mais son origine suggérait qu’il était hors de notre contrôle. Pour ma part, je parle souvent d’harmonie. Je trouve ce mot plus doux parce qu’il inclut toutes les sphères de notre vie, et surtout, parce que c’est à nous d’établir cette harmonie dans notre vie.

DÉCIDER

• Vient du latin decidere, qui signifie trancher, couper.

Chaque décision implique donc une perte, une coupure. Peut-être que c’est pour ça que certaines personnes ont autant de mal à choisir : elles ont peur de ce qu’elles vont perdre. Et c’est pour cette raison que je dis souvent à mes clients, au lieu de regarder ce que tu vas perdre, pourquoi ne pas considérer plutôt ce que tu vas gagner. Au lieu de décider, tu peux maintenant choisir. C’est moins tranchant, plus ouvert et flexible.

Petit défi : regarde les mots que tu utilises au quotidien et demande-toi s’ils reflètent vraiment ton intention. Peut-être que changer un mot change complètement ta perception, et, par le fait même, tes actions!

Ce que tu dis influence ce que tu vis

Alors, qu’en est-il de toi? Quels sont les mots que tu utilises chaque jour pour parler de tes projets, de ton travail, de ta vie? Est-ce qu’ils te propulsent vers l’avant, ou est-ce qu’ils t’enferment sans que tu t’en rendes compte?

On ne réalise pas toujours à quel point nos mots programment notre cerveau. Ce qu’on répète finit par devenir une croyance, puis une réalité. Mais la bonne nouvelle, c’est que si un mot peut nous enfermer… un autre peut nous libérer!

Le pouvoir des mots est entre tes mains

Tu viens de découvrir un pouvoir insoupçonné : celui de choisir les mots qui t’élèvent plutôt que ceux qui te freinent. Et si tu testais ce pouvoir dès aujourd’hui?

Imagine l’impact si tu décidais de remplacer travail par mission, passion par élan, bonheur par harmonie. Que changerais-tu d’autre?

Fais l’exercice pendant une semaine : écoute-toi parler, observe tes mots et ajuste-les. Peut-être que ça ne changera pas ta vie en un jour, mais ça pourrait bien tout transformer à long terme.

Les mots façonnent notre perception du monde. Alors, choisis bien tes mots. Ils finiront par écrire ton histoire.